Lancé début septembre 2019, le Grenelle de lutte contre les violences conjugales s'est clos ce lundi 25 novembre 2019. Le Premier ministre Edouard Philippe a conclu cette concertation en présentant une quarantaine de mesures.
Ces nombreuses mesures, dont certaines sont déjà en cours d’adoption, comme la généralisation du bracelet anti-rapprochement, visent à améliorer la protection et la prise en charge des victimes, éduquer les citoyens, et aussi à assurer le suivi des auteurs.
France Victimes, mobilisée auprès de toutes les victimes depuis 1986, a participé aux concertations et a notamment pris part à de nombreux groupes de travail. De la même manière, l'ensemble de son réseau a investi beaucoup de temps et d'énergie dans les grenelles locaux.
Changer la perspective dans la prise en charge des victimes
220 000 femmes victimes de violences conjugales ont révélé être victimes dans l’enquête Cadre de vie et Sécurité ; 50 000 ont été accueillies, écoutées, informées et accompagnées par la Fédération France Victimes en 2018.
La violence subie par les femmes est un fléau. En France, une femme a été tuée tous les deux jours depuis le 1er janvier 2019. Un chiffre en augmentation par rapport aux statistiques officielles des six dernières années qui comptabilisaient un féminicide tous les trois jours.
Pour faire face à cette violence et pour une meilleure écoute et prise en charge des victimes, la Fédération France Victimes et ses 132 associations ont fait 10 propositions à la Secrétaire d’État Marlène Schiappa.
Si la prise de conscience sociétale et politique est primordiale et, somme toute, une grande avancée, il faut néanmoins des moyens supplémentaires pour amplifier et optimiser les dispositifs et outils de lutte contre les violences conjugales, notamment d'ordre judiciaire (téléphone grave danger, administrateur ad hoc, accompagnement des victimes dont les agresseurs seront sous bracelet anti-rapprochement, évaluations spécifiques des besoins de protection...).
France Victimes a été interrogé par LCI.fr à la fin du Grenelle. Jérôme Bertin, directeur de la Fédération France Victimes, a ansi exprimé son sentiment face aux mesures annoncées par Edouard Philippe : "Je suis mitigé. Ce Grenelle est une réflexion collective nécessaire et de ce point de vue, elle est réussie. Les mesures annoncées sont intéressantes et ont un spectre large : la prévention de ces violences, la possibilité de déposer plainte à l'hôpital, l'évaluation du danger, les suspensions d'autorité parentale, etc. Elles sont favorables aux victimes et c'est positif. Après, sur les moyens accordés, je suis partagé. On nous demande beaucoup, donc on attend beaucoup."
Donner les outils nécessaires aux élus et agents de collectivités
Lors de son intervention au 102e Congrès des Maires de France, sur la Mobilisation des maires contre les violences sexistes et sexuelles, Jérôme Bertin a rappelé l'importance de donner les outils nécessaires aux élus et agents de collectivité pour :
- Savoir repérer les violences
- Mettre en sécurité les victimes
- Être prescripteur d'aide
- Agir pour décohabiter
- Accompagner et aider à la mobilité
- Se coordonner avec les forces de l'ordre
- Savoir agir en discrétion
Il a ainsi souligné le rôle fondamental des autorités locales, dans l'orientation des femmes victimes de violences. Celles-ci peuvent s'appuyer sur France Victimes pour faciliter la prise en charge des victimes.