Objet d'investissement émotionnel fort, au statut particulier et protégé, le mineur victime de violences est un sujet d’étude complexe et tout à fait singulier pour chaque professionnel, qu’il soit de justice ou de soin. Dans ces conditions, le corps, mode de communication privilégié chez l’enfant, dont l’immaturité cognitive biaise souvent l’accès au langage par l’adulte, peut prendre une place prégnante à tous les niveaux de la prise en charge. À travers traces et symptômes somatiques, le corps devient parlant. À travers l’enquête, la démarche éducative et le soin, il devient parlé.
Dans un parcours judiciaire de victime, long, complexe, et parfois lui-même violent, notamment lorsqu’il délaisse les spécificités de l’enfant et du travail auprès de ce dernier, une action pluri- et inter-disciplinaire semble primordiale. Les professionnels de la justice, de l’éducatif et du soin, tendent d’ores et déjà vers un objectif commun : faire parler le corps à travers la trace laissée par les violences mais aussi permettre à l’enfant de parler ce corps violenté.
Les limites entre les diverses spécialités professionnelles et institutionnelles sont ainsi à repenser pour une prise en charge globale, et ceci, à chaque étape du parcours du mineur victime de violences. Nous constatons, dès lors, la nécessité mais aussi les difficultés à mêler corps et parole, accueil et recueil, justice et soin, dans une collaboration des interventions.
Alors, Corps parlant et Corps parlé, comment articuler aujourd’hui les pratiques pour une prise en charge globale du mineur tout au long de son parcours de victime ?
Le Professeur Mariannick LE GUEUT, médecin légiste, auparavant chef du service denMédecine légale au CHR-CHU de Rennes, est marraine de ces Journées d’Étude Internationales. Le docteur Mariannick LE GUEUT rend compte de la rencontre particulière, complexe, avec les mineurs victimes de violences et de l’importance d’un travail inter-disciplinaire. Elle a créé, à Rennes, un accueil novateur de l'enfant victime au sein des services médico-judicaires. Une unité d’audition de mineurs, unique en France de par son fonctionnement, a ainsi vu le jour grâce à l’association de différentes disciplines. Ce nouveau dispositif fait appel aux compétences et à l’expertise de divers acteurs. Finalement, cette unité d’audition de mineurs est pensée pour lier l’accueil et le recueil bienveillant de la parole. Parallèlement, la preuve et /ou l’empreinte symptomatique sont recherchées.
Ainsi, dans la lignée des travaux du Professeur LE GUEUT, les étudiants et l'équipe de formation du Master 2 « Violences, Risques et Vulnérabilités : Psychologie Criminologique et Victimologique » de l’Université Rennes 2, proposent, à travers les témoignages et éclairages de chercheurs et de professionnels de la chaîne pénale, de mettre en lumière la complexité de la prise en charge du mineur victime de violences.
Ce questionnement dépasse la seule vision psychologique. L’approche psychovictimologique ne se limite pas non plus aux réalités psychiques : elle intègre dans son champ d’étude une pluralité de réalités judiciaires, éducatives et de soin. C’est pourquoi nous tenons à convoquer les connaissances, les savoir-faire et savoir-être de différents professionnels. Ces compétences variées se rencontreront alors pour s’enseigner les unes des autres.
Finalement, à travers ces Journées d’Étude Internationales, miroir d’une formation universitaire véritablement intégrative, nous espérons faire émerger des pistes de travail et de réflexions. Nous souhaitons que cet événement du 16 et 17 mai 2018 soit propice à l’ouverture d’un espace de discussion et de débat. Et, qui sait, ces échanges donneront peut-être une nouvelle couleur aux prises en charge de demain.
L’Association des Étudiants en Psycho-Criminologie et Victimologie de l’Université Rennes 2.
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